mardi 29 octobre 2013

 

 
 
 
 
 

Humeurs culturelles

 

 

 

 

 

 

Humeurs culturelles


Bernard Saulnier

 

 

 

 

 

 

 

Journée mondiale de la santé mentale 2013


 

 

 

Retour sur les évènements Rendez-vous de la santé mentale et Gauvreau

10 octobre 2013

Bibliothèque humaine

Il est tôt. Je me rends disponible, un livre resté longtemps fermé.
Aujourd'hui, je m'ouvrirai je ne sais à quelle page, mais j'espère aider. Pour l'instant, je suis dans la salle de repos, j'attends. Je pense à Gauvreau à son Asile de la pureté, à l'amour, à la persécution. Comme toujours, je suis à l'avance : les gens se demandent ce que je fais là, car je ne fais pas encore le livre. Je pense à cette schizophrénie paranoïaque que je vais raconter. J'ai déposé des bracelets et des documents de l'Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale. Les souliers sont grands à porter.
Il y a beaucoup d'écrivains géniaux qui sont passés à l'Institut. Je me sens idiot d'essayer d'écrire. Les gens sont enthousiastes. Mes bracelets orange sont enfantins, je les distribue quand même. J’ai guidé des collègues jusqu'à leurs locaux et parlé à Simon, le pair-aidant de la Société québécoise de la schizophrénie. J'essaie de faire une belle histoire. Je ne veux pas avoir la poésie noire des célèbres poètes maudits. Je ne trouve pas les mots pour détruire, décrire mes psychoses. Une infinie douleur, la paranoïa ne fait pas de moi un grand poète. Parfois, j'ai peur d'écrire, d'écrire le mot qui fait mal et que je n'ai pas encore trouvé...  J’ai failli péter les plombs avec un psycho-philosophe. Je ne comprends rien et il n'a pas forcément de message. Toujours la folie, la maladie…

L’évènement théâtral Gauvreau

Je ne suis pas Gauvreau. J'essaie juste de transformer mon angoisse, ma «cousine». Quand tu es dans l'angoisse, l’œuvre de Gauvreau n’a rien de rassurant, surtout quand on l'entend inventer des mots : « la poésie révolutionnaire intrinsèque », le langage exploréen qui en fait rigoler quelques-uns. Or c'est tout sauf de l'humour. La lecture très juste d'Alexis Martin et le jeu des comédiens étaient superbes. Bien que ce soit des gens de divers horizons, je décide sciemment de les nommer comédiens avec toute la valeur attachée au jeu théâtral. Quant à la Valse de l'asile de Walter Boudreau, elle évoquait pour moi un autre grand poète, Nelligan.



L'Asile de la pureté est l'amour du poète à sa muse, son jeûne amoureux. Comme spectateur, contrairement à Gauvreau, on ne refuse rien : on accepte toutes ses propositions géniales. J'allais écrire que je m'attaquais à l'œuvre d'un génie, mais non, je la défends. Je la conseille à tous ceux qui sont friands de textes forts. Pour les mots, bien évidemment, je n'ai pas le génie de Gauvreau, je me répète! La pièce met un baume et me fait rêver à cette pureté que j'ai tant cherchée, comme Gauvreau. L'Asile de la pureté est le feu des mots patiemment dit dans la mort par le jeûne, un coup de poing dans l'estomac des amours perdus. On n’écrit pas sur l'oeuvre de Gauvreau impunément, sans risque. Ma prose comparée à la sienne est celle d'un taré ému par la beauté des choses. On se souhaiterait tous d'avoir le génie sans la douleur qui va avec. Être hospitalisé et entendre des voix n'est jamais comme le jeu théâtral.
À la toute fin, la troupe a eu une ovation bien méritée. Ainsi se terminait la journée de bibliothèque vivante à l'Institut. Il ne restait donc qu'à  retourner plus loin en arrière et visiter l'exposition : il faut savoir d'où on vient pour savoir où on va comme le disait la directrice Madame Fortin.
En somme, ce fut une magnifique journée qui a permis, je crois, de combattre la stigmatisation en faisant la promotion d’une vision différente de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.

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